Présentation du contenu : Le fonds Jacques André est composé de cinq albums traitants principalement de la guerre dans la région de Raon-l’Étape (Bataille de la Haute-Meurthe, août-septembre 1914) et dans le secteur de Gérardmer. Ce bref rappel historique tente de rappeler les principales étapes de l’établissement du front dans ces deux régions.
L’établissement du front dans les Vosges
Dès le déclenchement du conflit, l’attitude des chefs militaires français était portée sur l’attaque. Les Vosges devaient être le théâtre des premières reconquêtes sur le territoire alsacien. Le plan XVII, préparé par les officiers supérieurs français, prévoit une offensive en direction du Donon pour atteindre Sarrebourg, et une autre offensive à travers les Hautes-Vosges et les cols de la Schlucht et d’Oderen pour atteindre Mulhouse. Le succès de ce plan se voit contrarié par la déroute de la Ière armée du général de Castelnau. La Iière armée avait tenté une attaque en direction de Sarrebourg, mais elle est stoppée et doit reculer. Cette déroute fait craindre aux militaires français, trop avancés derrière la frontière, un encerclement. Les offensives françaises, bien que victorieuses dans les Vosges, se voient donc stoppées et l’armée entame une retraite dans les montagnes. La bataille de la Haute-Meurthe s’engage entre les Allemands qui avancent et les Français qui reculent, les grandes batailles ont lieu aux cols des Journaux, de Mandray et de la Chipotte, au Kemberg, etc… à la fin du mois d’août et au début de septembre 1914. Les Allemands s’engagent dans la « trouée de Charmes » prévue dans le plan défensif Séré-de-Rivières entre la place forte d’Épinal et les forts de Toul. Le nord-est du département est envahi par les troupes allemandes ; Saint-Dié est occupée, Raon-l’Étape également. En Meurthe-et-Moselle, Lunéville est allemand quelques jours. La contre-offensive française permet cependant de reconquérir du terrain. Les autres fronts rendent l’enjeu des Vosges moins important, la course à la mer entamée par les Allemands affaiblit les effectifs et le front s’établit à travers les Vosges, du Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf) jusqu’au Col du Bonhomme, en passant par Soultzern, et à travers la vallée du Rabodeau et de la Plaine. Le calme n’est cependant que relatif : dès la fin du mois d’octobre, les grands chefs militaires envisagent déjà de nouvelles offensives pour conquérir Colmar, mais les projets sont abandonnés compte-tenu des difficultés de ravitaillement qu’ils nécessitent, particulièrement en hiver. En décembre, les chefs militaires décident d’une grande offensive en Artois et en Champagne. Il est convenu que le Détachement d’Armée des Vosges lance simultanément une attaque pour affaiblir encore les positions allemande déjà réduites. L’offensive a lieu en direction de Cernay le 25 décembre, elle se déroule pendant quinze jours et fait près de 1 000 morts côté français, 700 au compte du seul 152e régiment d’infanterie basé à Gérardmer. Les français ont néanmoins repris du terrain dans la vallée de la Thur. Après cette attaque, le front se stabilise et le détachement d’Armée des Vosges est renforcé par dix bataillons de chasseurs alpins qui vont constituer la 47e division d’infanterie. Le commandement de cette unité est donné au général Blazer, en mars 1915 il est remplacé par le général d’Armau de Pouydraguin.
Au cours des mois de janvier et février 1915 les objectifs donnés par la hiérarchie obligent à de nouvelles offensives, les objectifs principaux sont : 1) Vers le Pont d’Aspach, au sud de Cernay ; 2) Vers Wattwiller, au nord de Cernay ; 3) Vers le nord de la vallée de la Fecht, le Linge.
Ces objectifs vont fixer les batailles dans des lieux qui passeront à la postérité : le Linge et le Vieil Armand. Les opérations vont se succéder jusqu’en janvier 1916. C’est au cours de cette période que les infrastructures pour le ravitaillement des troupes seront construites (téléphérique, tramway, etc…).
À partir de 1916 les grandes opérations vont disparaître, les enjeux de la Grande Guerre se concentrent à Verdun où l’on a besoin de forces vives. Le terrain des Vosges sera occupé par des troupes fatiguées, mises au repos. Ce secteur restera relativement calme jusqu’à la fin de la guerre. Il reste, malgré tout, solidement défendu : les moyens mis en œuvre par les chefs militaires pour la défense du massif sont spécifiques à la guerre en montagne, cet album en est l’illustration.
Classement et intérêt du fonds
Le fonds est composé de 5 albums thématiques. Le premier album rassemble des cartes-postales des secteurs de Saint-Dié-des-Vosges, Raon-l’Étape et Rambervillers lors de la bataille de la Haute-Meurthe. Quelques cartes représentent les cimetières militaires du département et les monuments aux morts. Le deuxième album regroupe une collection de cartes postales patriotiques . Les troisième et quatrième albums concernent exclusivement la vallée des lacs (Gérardmer, Xonrupt-Longemer, Retournemer) et les environs de la Schlucht, du Tanet jusqu’au Hohneck. Enfin, le cinquième album est consacré aux monuments aux morts vosgiens.
L’ensemble des cartes postales réunies par M. André ouvrent une fenêtre sur la vie civile et militaire dans les Vosges. Le champ de bataille des Hautes-Vosges est extrêmement bien documenté, il permet de mieux comprendre les moyens techniques et tactiques mis en œuvre par les combattants pour s’adapter au terrain montagneux (ravitaillement, téléphérique, voie ferrée, équipements spéciaux, etc…). Les clichés sur le secteur de Gérardmer sont, en grande partie, des cartes-photo. La ville de Gérardmer est l’objet de nombreuses cartes, on y voit les cérémonies officielles en présence des grands chefs militaires et politiques de l’époque (Joffre, de Maud’Huy, Dubail, Poincaré, Millerand et quelques officiers supérieurs étrangers). Les cartes postales patriotiques forment un corpus un peu à part dans cette collection, mais néanmoins intéressant et assez bien fourni concernant la propagande en temps de guerre.